Toxico - écrit le 27 août 2004
(« Toxico » est le titre d’une chanson des Béruriers noirs)
Cette douleur impensable, cette douleur indomptable.
Et ces paroles des Bérus : " elle flirte avec la mort, toujours un peu
plus fort, toujours un peu plus fort ".
Je veux fuir cette souffrance, fuir cette douleur. Je veux une pilule pour
oublier. Une pilule pour anesthésier. Une pilule pour ne plus penser. Une
pilule pour ne plus souffrir.
Une pilule pour oublier.
Oublier.
Cette voix à l'intérieur, cette voix de destruction, cette voix qu'on a mise
en moi. Bombe à retardement.
Cette voix, c'est encore la tienne, papa.
La tienne qui me disait : " tu es nulle, tu ne vaux rien, tu ne vaux que CA
".
La tienne qui me disait : " tu es de trop, disparais, je t'anéantirai !
".
Cette voix, c'est hélas la tienne, c'est toujours la tienne, et rien ne s'y
oppose, rien n'est assez fort. Cette voix m'ordonne la mort. C'est toi qu'il
faudrait tuer, mais comment tuer son père, alors c'est soi qu'on tue.
Retourner l'arme contre soi. Avaler le mal. Au lieu de le crier. Il tord les
boyaux. Il fait MAL MAL MAL il tue.
Regarde ta fille, papa. Regarde ce qu'elle fait pour toi : elle ingère le
poison. Elle ingère tout, pour ton bien, pour t'éviter du mal.
Comme dans ce vieux rêve noté jadis, que je reprends ici :
07/11/96 - La salade (extrait)
" Or nous sommes à table avec mes parents, et nous mangeons [de] la
salade. C'est en fait le fromage qui lui sert d'assaisonnement qui est rempli de
cette mort, je le sens tout de suite en le regardant : il semble me dire ce
qu'il est, me défier en quelque sorte, en me montrant qu'il est là pour me
détruire, pour tuer tout le monde.
Mes parents ne savent rien de cela. Je leur dis : " je prends tout le
fromage ", ou du moins je le fais. Pour ma part, je suis immortelle, alors
le meilleur moyen de déjouer le plan de cette force maléfique matérialisée
en fromage, c'est que je la mange : comme ça, personne d'autre ne l'avalera.
Je mange donc tout le fromage, absolument furieuse contre lui, et fière de lui
opposer mon immortalité.
Mes parents ne se doutent de rien du duel qui se produit sous leurs yeux ".
Mais c'est toi, papa, c'est toi qui as transmis ce mal, qui me l'as fait ingérer. Et je ne suis pas immortelle, et ton poison veut ma peau, et cette lutte dure depuis des siècles dans ma tête, et cette lutte fait mal, ME fait mal, pendant qu'elle TE préserve.
Je ne cherche pas une pilule pour oublier. Non. Je cherche un antipoison efficace. Je ne serai pas toxico. Pas TA toxico.